samedi 28 juin 2008

La vache ! « Intervilles » chez les Ch'tis

« Top à la vachette ». « En voiture Simone ». « Guy, je ne vous entends pas ». « Nathalie, où êtes-vous ? ». « Nous portons réclamation ». Des phrases cultes pour un jeu culte. « Intervilles » et ses 45 ans de télé s'arrêtent à Saint-Amand-les-Eaux pour un affrontement face à Bergues, ville à la mode s'il en est.

« Shana nananana Sha nana nana ». À ma droite, en bleu, Saint-Amand-les-Eaux, berceau d'« Intervilles ». À son actif : la première émission avec Guy Lux et la bande, en 1962. Une victoire face à Armentières, puis une accession en finale, soldée par une malheureuse défaite face à Dax. À l'époque, sur l'ORTF, s'illustre une figure bientôt mythique, son maire : Jojo (Georges) Donnez (Lire ci-contre). Depuis, la cité thermale a multiplié les apparitions dans l'émission jeu. Elle a été hôte une dernière fois en 1995 et a affronté Saint-Quentin en 2005. Ce soir, c'est son grand retour à la maison.

À ma gauche, en rouge, Bergues la novice. « La ville la plus représentative de la région. On l'a choisie pour faire comme tout le monde », admet Yves Launoy, producteur de l'émission et Aulnésien de souche. Confer Bienvenue chez les Ch'tis . Sa force : son capitaine, Gaël Bollengier. Ancien international de volley-ball et actuel entraîneur de l'équipe professionnelle de Dunkerque (Pro B). « On ne peut pas répéter les jeux avant dimanche (ce dimanche), alors on a travaillé le foncier, la course d'obstacles... »
L'honneurdu carillon

Il y va de l'honneur du clocher. Ou plutôt du carillon. La cloche du Nord a d'ailleurs inspiré un des jeux de la soirée. De même que l'endive, Paris-Roubaix, ou l'eau amandinoise. Un jeu tournera autour de l'embouteillage. Et le traditionnel jeu de dés rappellera le casino.

Comme en sport, il y a l'outsider : Bergues. Et le favori : Saint-Amand. David contre Goliath. La vachette contre la vache. « En avril, on nous a proposé de l'organiser, mais la configuration de la ville ne s'y prête pas », raconte Alain Baert, improvisé coordinateur pour les Berguois.

Ils seront donc 1 400 à prendre un train spécialement affrété. Un record pour une ville en déplacement. Quelque 5 200 personnes sont attendues sur l'ancien parking Leclerc de la ville thermale. Autant que pour un mauvais match de Ligue 1. Hier matin, les premiers ont fait la queue dès 4 heures pour s'arracher les dernières places. « Au final, on aura refusé entre 1 500 et 2 000 personnes », regrette Alain Bocquet, le maire amandinois.

« Intervilles » relève de la légende télévisée. Une invention de Guy Lux, rejoint par les forts en thème et en gueule que sont Léon Zitrone et Simone Garnier. De la télé à papa qui déchaîne les passions. On raconte que le général de Gaulle a interrompu une discussion avec le chancelier Adenauer pour regarder l'émission, ses vachettes, ses jeux d'eaux, et ses maires répondant à des questions.

Le rituel s'est depuis modernisé, coloré. Il n'est plus L'incontournable de la télé. A même été plusieurs fois rayé des programmes. Est passé de TF1 à France 3. A vu son quizdisparaître, mais son fil rouge perdurer. Chaque semaine, une profession est sélectionnée pour l'assurer. Ce lundi, je vous le donne en mille, ce sont les postiers.

Et puis il y a le mur des champions. Désormais déterminant pour la victoire et l'accession en finale. Ce sera le 25 août.

En haut de l'échelle, une victoire pour l'honneur. Et surtout une bonne pub pour la ville. « Saint-Amand s'est fait connaître avec "Intervilles " », analyse son maire. Il y a une avenue, un café « Intervilles ». « On ne pouvait pas refuser. Ça nous coûte 80 000 euros, soit moins qu'un encart publicitaire à la télé. » Bergues, on comprendrait qu'ils prient pour perdre. Les professionnels du tourisme sont déjà débordés. Manquerait plus que la nouvelle capitale ch'ti ait d'autres raisons d'être célèbre. •

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